SENAT : Le Sénégal est institutionnellement bloqué et politiquement déstabilisé !

 

 

Les perspectives des élections sénatoriales ont précipité le Sénégal dans une zone de turbulence, qui risque de le paralyser, et de  créer les conditions de déstabilisation, pouvant générer des troubles graves et  même, la chute, dans la violence, du nouveau pouvoir de « Bennoo  BOK  YAKAAR » (BBY), présidé par Macky Sall.

Les causes de cette situation résident dans la nature sociale des forces qui composent BBY, qui ont porté, le 25 mars 2012, Macky Sall au pouvoir, à l’issu de l’expression transparente et massive du suffrage du peuple.

La nature sociale de ces forces n’est pas de « type révolutionnaire » qui leur permettrait, une fois au pouvoir, de « faire table rase du passé » pour mettre en œuvre leurs programmes de changement.

Leur nature sociale est de « type républicaine et démocratique » qui les oblige au respect strict de l’Etat de Droit, dans la mise en œuvre des changements pour lesquels le peuple les a portées au pouvoir par l’expression de son suffrage.

Cette nature sociale et ses contraintes de l’Etat de Droit,  font que le Président Macky Sall, au nom de la mise en œuvre des changements pour lesquels il a été élu, ne peut pas décider, par Décret, de « suspendre la Constitution » ou de « supprimer une institution » ou même de « modifier une loi ».

Si par malheur il s’aventurait à le faire, ce sont les Républicains et Démocrates qui l’ont soutenu et qui se sont battus auprès du peuple pour le porter au pouvoir, qui se dresseraient contre lui, et l’ « esprit du M23 » qui se résume dans la célèbre formule historique « Ne touche pas à ma Constitution » se remettrait à l’œuvre.

C’est pour cela que, concernant le SENAT, il ne peut que respecter les dispositions de la Constitution qui lui interdisent de le supprimer par Décret, et celles du Code électoral, qui lui imposent «  l’élection d’un Sénateur par Département ».

Pour supprimer le Senat, il lui faut passer par voie référendaire dans le cadre d’une révision générale de la Constitution, comme cela a été le cas en 2001 sous WADE. Dans ce cadre, Il ne faudrait pas oublier que la suppression du SENAT, bien que prévue dans le programme pour lequel WADE a été élu en Mars 2000, n’a été supprimé qu’en janvier 2001 par voie référendaire au moment de la révision globale de la Constitution, sans qu’aucun Démocrate n’ait exigé un référendum uniquement pour cela.

 Ou bien, il peut passer par voie législative, comme Wade l’avait fait pour réintroduire le SENAT dans le dispositif institutionnel, en usant de sa majorité mécanique au Parlement monocaméral.

Or même cette voie législative, pour réformer la Constitution et supprimer le SENAT, est inaccessible pour le Président Macky Sall, qui est confronté à un Parlement bicaméral, dont la Haute Chambre, le SENAT, est entièrement contrôlé par l’opposition qui ne manquerait pas de bloquer toute procédure visant à réunir le Parlement pour le supprimer comme Institution.

De même que le SENAT, contrôlé par l’opposition, bloquerait toute tentative de modification du Code électoral visant à modifier  les modalités de désignation des membres de cette Institution, sinon, elle aurait créé un précédent  devant l’obliger à en faire de même pour la Constitution.

C’est pour cela que les Sénateurs n’ont pas caché leur volonté d’obliger le pouvoir à aller aux urnes, pour tenter leur chance de rester dans les Institutions de la République, plutôt que de lui faciliter la tâche de les éjecter dehors, à travers une suppression du SENAT. 

Ainsi donc, l’on assiste, dans notre pays, à une grave contradiction entre « une forte Demande politique » (la suppression du SENAT), et sa « Faisabilité institutionnelle ».

Dans ces conditions, notre pays, le Sénégal, vit dangereusement, à la fois, un blocage institutionnel et une déstabilisation politique, dans un contexte de demande sociale explosive (inondations, délestages, coût élevé de la vie), attisée par les signaux contradictoires donnés par le pouvoir quant à sa volonté de réduire le train de vie dispendieux des gouvernants (maintien des hauts traitements et avantages, dotation de 10 millions par Ministre pour leur confort domestique etc, etc..).

Cette situation, grosse de tous les dangers, résulte plutôt d’une mauvaise appréciation des perspectives de changements ouvertes le 25 mars 2012, que d’une fatalité, ou d’une malédiction qui frapperait les Nègres pour les rendre incapables à assumer leur destin dans la stabilité et la paix civile, qui sonnerait, aujourd’hui, le glas à  l’ « Exception Sénégalaise », tant vantée chez nous, comme ailleurs en Afrique et dans le monde.

Les Sénégalais n’ont  pas suffisamment compris et pris en compte, que le 25 mars 2012, ouvrait une période, plus ou moins longue, de transition, pour transformer le régime despotique de pouvoir personnel de Wade, et de son mode de gestion de l’Etat et des intérêts de la Nation, en une « nouvelle République, laïque, démocratique et citoyenne » , et une «  nouvelle gouvernance », dans un Etat de Droit et de Justice sociale, pour restituer au peuple sa souveraineté pleine et entière sur son destin.

 Le programme de changements institutionnels, politiques, économiques, sociaux et éthiques de cette transition est balisé par les Conclusions des Assises nationales, aux quelles les forces qui ont porté Macky Sall au pouvoir se réfèrent, ou s’en inspirent.

C’est pour cela, que s’était instauré, en perspective de la Présidentielle de 2012, un long et passionné débat sur le contenu et la durée de cette transition. Pour les uns, il fallait une période de trois ans avec un Président qui démissionne à la fin de cette période, pendant laquelle, toutes les réformes institutionnelles seraient mises en œuvre, et les urgences économiques et sociales prises en charge. Pour d’autres, il faillait un mandat de cinq ans de transition, pour prendre aussi en charge les changements qui relèvent du moyen terme, notamment, la « souveraineté économique et alimentaire » et la question de «  l’intégration sous régionale ». Enfin, il y en avait qui rejetaient la nécessité de cette transition et glosaient même sur la notion de « Président de transition ».

La réalité s’est, le 25 mars, imposait au débat sur la transition, en portant au pouvoir une coalition, dont le Chef de fil n’a jamais cru à la transition, et qui, une fois au pouvoir, est confronté à sa nécessité pour pouvoir commencer à mettre en œuvre les changements les plus urgents aux quels le peuple aspirent.

C’est ainsi qu’il s’est résolu de porter son mandat à cinq ans au lieu de sept ans que lui confère  la Constitution en vigueur, et, entre autres,  de poser  la question du « maintien ou de la suppression du SENAT » lors de la réforme de la Constitution par voie référendaire à la mi-fin 2013, avant les élections locales de 2014.

Les délais qui lui sont nécessaires pour réaliser « la rupture » d’avec le legs de Wade, qui couvrent la période de transition, créent  ainsi les conditions de coexistence conflictuelle entre les anciennes pratiques de gouvernance et les nouvelles, entre les hommes et les institutions du passé et les nouveaux, entre la volonté politique de réformer et les tentations du statut quo.

C’est  faute de s’être préparé politiquement et moralement à affronter cette dualité de la transition, que les conflits de positionnement individuels et/ou partisans apparaissent dans les rangs du nouveau pouvoir.

Ces conflits sont exploités par deux types d’opposition au nouveau pouvoir, pour maintenir un climat de déstabilisation.

C’est d’abord la « classe des nouveaux entrepreneurs » que Wade a fabriquée artificiellement, à travers des « surfacturations des marchés publics », la spéculation foncière et immobilière, et le détournent, à leur profit, des opportunités d’affaires de la coopération internationale. Ces hommes et femmes, dont certains contrôlent encore le SENAT,  et de nombreuses Collectivités locales, encouragent les plus crédules à œuvrer à la dislocation de la Coalition BBY, pour prétendre occuper les places que le Chef de l’Etat a réservées à ses alliés.

C’est ensuite, une large frange de Cadres de l’Administration et d’Universitaires, des rangs desquels, durant les 40 ans de règne des Socialistes, sortaient les gestionnaires de l’Etat et des Entreprises du secteur parapublic, et qui sont victimes de marginalisation sous Wade. Ils espéraient leur retour au pouvoir avec la chute de celui-ci. Mais à leur place, qu’ils jugent légitimes, le nouveau pouvoir a promu des Cadres issus du secteur privé, réputés de professionnalisme et compétence avérés.

Le premier type d’opposition enfourche le cheval de la lutte contre la « chasse aux sorcières » dont  ils seraient victimes après avoir été déchus du pouvoir, tandis que le second type crie contre «  la promotion de l’incompétence, du clientélisme et du népotisme », par ce qu’ils sont  déçus de n’être pas appelés aux « affaires » par les tenants du nouveau pouvoir.         

C’est cette situation conflictuelle qui échappe à l’attention de certains de  BBY, du M 23, et des  Assises nationales, dans leurs analyses du contexte, des priorités et des perspectives.

C’est pour cela, qu’il leur est difficile de comprendre que le sort du SENAT ne peut se résoudre que dans le moyen terme, avec la tenue d’un référendum sur une réforme consensuelle de la Constitution, et que, dans le court terme, les élections sénatoriales s’imposent, dans le respect de la Constitution héritée de WADE, pour arracher la Chambre Haute des mains du premier type de l’opposition.

C’est de cette manière que BBY va parachever la prise du pouvoir des mains de la « nouvelle classe d’entrepreneurs » de Wade, tandis que les élections locales auront pour enjeux politiques, la consolidation du pouvoir de BBY pour créer les conditions d’une véritable démocratie citoyenne.

Ainsi, avec la conquête du SENAT, les conditions institutionnelles et politiques seront réunies pour éradiquer les bases institutionnelles, économiques, politiques et sociales du régime du WADE durant tout le mandat de transition da Macky, pour édifier une «  nouvelle République », ancrer les «  pratiques de bonne gouvernance » dans la gestion des biens publics et des intérêts de la Nation, restituer aux collectivités locales leurs terres spoliées, et  jeter les bases du recouvrement de notre «  souveraineté économique », tandis que la conquête des collectivités locales, va réunir les conditions politiques d’une véritable réforme foncière concertée, pour asseoir une politique de modernisation et de sécurisation de l’exploitation agricole familiale, comme axe stratégique de notre politique de recouvrement de notre  « souveraineté alimentaire ».

C’est ce processus de recouvrement de notre Indépendance nationale,  qui nous permet d’élaborer des politiques concertées d’éradication de la pauvreté, de liquidation de l’analphabétisme, et de maîtrise du chômage des jeunes tout au long de la transition.

La période de transition est donc une véritable période de luttes au corps à corps, entre, d’un côté, les forces déchues du pouvoir et celles déçues d’y être écartées par les tenants du  pouvoir de BBY, et de l’autre côté, les forces qui exercent le pouvoir, dont la moindre faille, dans leur cohésion, renforce les forces rétrogrades que constituent les deux types de notre opposition.

C’est par ce que la période de transition n’est ni comprise, ni prise en compte  par ceux-là même qui la comprennent, que les Sénégalais pensent que c’est la période de « partage du gâteau », ou de récompense des amis », avec tout le discrédit que cette vision erronée porte à BBY, au Président Macky  Sall, et les risques graves de déstabilisation et de violence qu’elle comporte pour notre peuple.

Ce n’est donc pas tant les « menaces islamiques », mais bien la confusion ambiante entre le court, moyen et long terme des changements pour lesquels BBY a porté Macky  Sall au pouvoir par la volonté du peuple, et l’incapacité de  faire la  distinction entre  les « ennemis » du pouvoir à abattre et les alliés à « rassurer », qui devraient constituer la grande préoccupation des patriotes, républicains et démocrates, que l’on essaie aussi de distraire sur une prétendue division des Musulmans au Sénégal, à l’occasion de la « Korité » passée.

Tous les Sénégalais savent, que l’écrasante majorité des Musulmans dans notre pays est regroupée dans trois grandes confréries  que sont «  les Murid, les Tijaan, et les khadir ».

Quand il y a discordance entre « Murid » et « Tijaan », les Musulmans Sénégalais la vivent comme une division tragique, et  le peuple prie tous les Saints pour la conjurer. 

WADE a tout fait pour diviser les Musulmans en tentant à plusieurs reprises, sans y arriver, d’opposer « Murid » et « Tijaan ».

Mais quand la division intervient au sein d’une Confrérie, les Musulmans Sénégalais ne la vivent pas comme une division de l’Islam.

Alors, pourquoi avoir dramatisé, dans la presse, les trois dates différentes  de célébration de la « Korité » cette année quand les trois Confréries, « Murid, Tijaan, et Khar » ont appelé à prier le même jour ?

 C’est dans la Confrérie « Tijaan », où il y a eu mésentente sur la datte de prière, et non entre les composantes les plus importantes de la « Umah » islamique dans notre pays.

L’on s’est donc évertué à orienter l’attention du pouvoir  sur un problème de coordination interne entre leaders d’une même Confrérie, en l’érigeant en un problème national, qui menacerait l’unité de l’Islam au Sénégal, et risquerait de faire le lit à l’ « Islamism » radical !

Heureusement pour notre pays, le Chef de l’Etat, en évoquant son respect à la liberté du culte, garantie par notre République laïque, est parvenu à déjouer le piège infernal que les forces rétrogrades (IBA DER), liées au régime déchu de WADE, avaient tendu au pouvoir de BBY, pour détourner son attention des urgences qui assaillent le peuple.

Tout cela démontre que la période de transition, ouverte le 25 mars, est grosse de toutes les dérives que ne  manquent pas d’exploiter les adversaires du renouveau républicain, démocratique et citoyen du Sénégal, et ceux dont les intérêts économiques et stratégiques, au Sénégal, sont menacés par le « patriotisme économique » qui est l’axe stratégique de notre  politique de recouvrement de notre « souveraineté économique et alimentaire ».

Dans ces conditions, les changements attendus par notre  peuple, dans la stabilité et la paix civile, requièrent de BBY une solide cohésion autour du Président Macky Sall et de son gouvernement de large coalition dirigé par le Premier  Ministre Abdoul Mbaye.

Toute  tentative, d’où qu’elle vient, visant à porter atteinte à cette cohésion,  devrait être  combattue, sans états d’âme, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.  Toute faiblesse dans ce domaine est assimilable à un «crime contre le peuple.

                                             Fait à Dakar le 27 08 2012

                                                                                              Ibrahima Sène / BBY

 

 

 

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