Pour le vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô, rien n’est de trop pour museler Idrissa Seck et ses partisans. C’est ainsi qu’il défendrait toute proposition de loi visant à augmenter le nombre de députés nécessaire pour constituer un groupe parlementaire. «Jusqu’à 20», dit-il.
N’est-ce pas Ousmane Tanor Dieng qui répétait urbi et orbi, durant les heures de gloire du régime socialiste, qu’une majorité doit servir à quelque chose. Le député Moustapha Cissé Lô a fait sienne cette recette tanorienne dans le combat qui oppose l’Alliance pour la République (Apr) de Macky Sall au parti Rewmi de Idrissa Seck ?
A l’Assemblée nationale, il court qu’un député de la majorité a déposé un projet de loi, comme écrit par Libération dans son édition du week-end, visant à porter le nombre de députés nécessaire pour créer un groupe parlementaire de 10 à 15. De retour de voyage, le 3e vice-président de l’Assemblée nationale dit ne pas être au courant d’une telle initiative, mais l’inscrit «dans l’ordre du possible». Toutefois, assume-t-il, «même si on doit porter le nombre de députés requis pour créer un groupe parlementaire à 20 pour barrer la route à Rewmi, nous le ferons». Et c’est parce que, explique Moustapha Cissé Lô : «Rewmi est un adversaire politique qui veut être là où nous sommes aujourd’hui, c’est-à-dire au pouvoir.» Par conséquent, la bataille ne requiert pas d’armes conventionnelles. «Nous ferons tout ce qui est possible pour gouverner ce pays le plus longtemps possible dans l’intérêt des populations. Je ferais partie des gens qui vont défendre cette proposition de loi», affirme-t-il au bout du fil.
Pour justifier une éventuelle révision du Règlement intérieur, ce lieutenant de Macky Sall compte s’appuyer sur les principes qui régissent la structuration d’une Assemblée nationale : «Il faut avoir le 1/10 des députés pour pouvoir constituer un groupe parlementaire. C’est Abdoulaye Wade qui avait changé cette règle en 2007 pour permettre à des gens comme Modou Diagne Fada (leader de la coalition Waar wi de l’époque) d’avoir un groupe. Cette loi doit revenir dans les réformes des institutions.»
Djibril War : «Une série de réformes du Règlement intérieur en cours…»
Moustapha Cissé Lô insiste qu’il a exprimé la nécessité de porter le groupe parlementaire à 15 députés, lors d’une réunion du Secrétariat politique de l’Apr. Si le dépôt d’une telle proposition au bureau de l’Assemblée nationale a eu lieu, le président de la Commission des lois attend d’être saisi. Me Djibril War dit ne pas être informé d’une telle initiative venant d’un député. Toutefois, il indique qu’il y a «une série de réformes du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en cours et qui concerne différents aspects». D’ailleurs, un séminaire a été tenu en ce sens. Mais, assure Me War, cette question n’a pas été abordée de «façon spécifique». Quoi qu’il en soit, ses camarades de parti comme Moustapha Cissé Lô n’ont senti la nécessité de revenir sur cette disposition du Règlement intérieur que lorsque le parti Rewmi, après avoir quitté la coalition Benno bokk yaakaar (Bby), s’est évertué à créer un groupe parlementaire, le 11 octobre dernier, lors de la session plénière consacrée au renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale. Depuis, Macky Sall a manœuvré pour l’empêcher. Si bien que le député Mariama Diallo, membre du parti de Idrissa Seck a fait le bonheur du chef de l’Etat, en avouant qu’elle reste dans Bby. Parallèlement, les tentatives de débauchage de responsables rewmistes et d’affaiblissement de son parti n’ont pas connu de répit (lire ailleurs). La bataille lancée par Macky Sall contre Idrissa Seck est visiblement loin de livrer tous ses secrets.