Malick BA : un mort de plus, un mort de trop !!! ( Cheikh Bamba Dièye )

Ces derniers jours, trois faits tragiques ont plongé la population sénégalaise dans un profond émoi. Tout d’abord, le meurtre atroce d’un honnête citoyen, symbole de la réussite basée sur le travail et l’abnégation. Ensuite, l’accident de la route qui a coûté la vie à trois jeunes sénégalais à la fleur de l’âge. Enfin, la mort de Malick Ba, un jeune père de famille, dont le seul tort fut de défendre le suffrage universel, c'est-à-dire le droit inaliénable, gravé dans notre Constitution, de choisir librement nos dirigeants. 

 
 Je voudrais m’incliner pieusement devant la mémoire de Bitèye Kounta Ndiaye, de Bocar, de Cheikh, de Ramatoulaye et de Malick Ba. Que Dieu les accueille en son paradis et soulage les familles endeuillées. 
 
 Ces injustices, de nature différente, viennent s’inscrire dans une liste insoutenable de faits d’insécurité qui troublent notre vivre-ensemble.
 
 L’insécurité est constante en Casamance. Elle est croissante dans les zones urbaines. Elle gagne de plus en plus les campagnes. L’insécurité est même présente dans les daaras, les établissements scolaires et universitaires où les valeurs de confiance et de tolérance devaient régner. 
 
 L’insécurité gagne du terrain dans les stades où les valeurs de partage, d’échange, de fair-play auraient dû prendre le dessus. Cette insécurité diffuse révèle l’incapacité du pouvoir en place à s’occuper convenablement des missions, confiées à lui, par les Sénégalais. La sécurité, c’est-à-dire la protection des citoyens des périls qui menacent leur existence, fait partie des missions régaliennes de l’Etat. 
 
C’est même le premier devoir d’un Etat de droit. Or, l’insécurité multiforme et croissante que nous constatons en ce moment prouve que la loi des délinquants, la loi des coupeurs de route, la loi de la négligence et la loi du plus fort, etc. sont en train de prendre le dessus sur la loi de la République. 
 
C’est là une défaillance inacceptable ! Il est regrettable qu’au moment même où les populations victimes de ces faits d’insécurité doivent bénéficier du soutien agissant des représentants de l’Etat, ces derniers se distinguent à l’intérieur du pays par des micmacs politiciens. Et à l’extérieur du pays par des quêtes de patronage politiques invraisemblables et par des choix diplomatiques improbables qui constituent également des menaces pour notre pays.
 
 Je veux dire aux forces armées, je veux dire aux forces de l’ordre, que les Sénégalais connaissent la mission ô combien difficile qui leur est assignée par la République. Nos concitoyens souhaitent même que les moyens et les équipements dont ils disposent soient améliorés. La tranquillité de nos quartiers, la sécurité de nos enfants, l’émergence que nous nous souhaitons tous pour notre pays ne peuvent se réaliser que dans la paix. La paix a un prix. Il faut en payer le prix. Nous en payerons le prix. Mais je veux dire également aux forces de l’ordre qu’ils ont le devoir d’exercer cette mission de protection des populations dans un discernement irréprochable. Aucune loi, aucun commandement fondé sur le droit ne les astreint à être les bras armés de décisions politiques iniques. Je veux dire à nos concitoyens que je comprends leur émoi. Je veux dire à ceux parmi eux qui réclament le rétablissement de la peine de mort que j’entends leur désarroi. Toutefois, ma priorité va à la restauration de l’autorité de l’Etat. 
 
Cela passe par un engagement sans faille contre l’impunité. Cela passe par un renforcement des équipements de nos forces de sécurité. Cela passe par une attitude courageuse face à la prolifération des milices privées qu’elles soient religieuses, traditionnelles ou politiques. Cela passe par des condamnations adaptées pour les délinquants sexuels et les narcotrafiquants ; l’insécurité est en train de changer, nos dispositifs réglementaires doivent nécessairement être réajustés. Au demeurant, dans le domaine de la sécurité routière, nous ne pouvons plus faire l’économie d’un véritable débat de société sur des moyens modernes qui ont fait leur preuve sous d’autres cieux. Les bonnes idées n’appartiennent à personne ! 
 
Le permis à point, les radars, l’apprentissage obligatoire des mesures de premiers secours dans les établissements scolaires, etc. ont permis à certains pays de sauver des milliers de vie. Il n’y a pas donc pas de fatalisme en la matière. Il nous appartient de substituer au défaitisme et au laxisme criminogènes, une volonté politique à toute épreuve. Cela dit, nous devons nécessairement marcher sur nos deux jambes. Je veux dire par là que quelle que soit l’issue de ces débats et des mesures que nous prendrons, il nous faudra, de manière hardie et sans relâche, combattre les inégalités de toute nature, la misère et l’ignorance qui font le lit de l’insécurité. 
 
 Cheikh Bamba Dièye, Secrétaire générale du FSD/BJ
 

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