Ndiss Kaba Badji, (saut en longueur)«j'ai sacrifie ma famille pour l'athlétisme»
(MARRAKECH, Maroc) – Ndiss Kaba Badji croit encore à ses capacités de décrocher une médaille de champion du monde ou olympique. Deux seuls titres qui manquent à son palmarès. Pour réaliser ce rêve, l’athlète sénégalais de 30 ans, ne lésine pas sur les moyens. Il se bat contre les blessures répétitives, le manque de considération de l’Etat et admet même avoir sacrifié sa famille pour atteindre cet objectif. Le courage et la détermination en bandoulière, la quadruple champion d’Afrique vise Pékin (2015) et Rio (2016) pour finir sa carrière en apothéose.
Titre perdu
«C’est une grande déception que j’éprouve après la perte de mon titre de champion d’Afrique à Marrakech. C’était l’objectif de ma saison. Mais, quand vous regardez les vainqueurs, ça me parait logique, parce que les deux premiers (les sud-africains Zarck Visser et Khotso Mokoena, Ndlr) ont réalisé les meilleures performances de la saison. Je n’étais donc pas le grand favori cette année. Je voulais juste me battre pour conserver mon titre. En plus, pendant deux ans, j’ai eu de grosses blessures qui ne m’ont pas encore lâché. Ce n’est qu’au mois de mai que j’ai commencé à sauter. Mai–Août, c’est vraiment très peu pour retrouver la forme. J’étais quand même bien lors des qualifications. Mais, le jour de la finale (lundi, Ndlr), j’ai manqué de jus et de technique».
Les contreperformances
«Depuis 2012, je n’ai pas fait une grosse performance. En 2013, j’ai fait une contusion osseuse qui m’a presque écartée des sautoirs. En 2014, j’ai encore eu une talonnette qui ne m’a pas permis de faire beaucoup de sauts. J’ai recommencé à sauter au mois d’avril. J’ai enchainé les compétitions. Mais physiquement, je n’étais pas prêt. Avec mon coach, on s’était convenu d’abord qu’il fallait continuer à sauter afin de retrouver les sensations l’année prochaine.
En 2012, je n’ai pas fait beaucoup de compétitions. Ça explique les carences techniques que j’ai eues lors de la finale. Mais, c’est de bonne augure en perspective des championnats du monde 2015 et des Jeux Olympiques de Rio 2016».
Objectifs à Pékin et à Rio
«Si vous regardez ma carrière, j’ai presque tout gagné en Afrique. J’ai été quatre fois champion d’Afrique. J’ai eu une médaille d’or aux Jeux de la Francophonie. J’ai eu une médaille d’argent aux championnats du monde universitaires. Il ne me manque que deux médailles dans ma carrière. Celles de champion du monde et de JO. Ce sont les deux grandes compétitions qui me font vraiment rêver. Pour couronner le tout et terminer en beauté, j’aurais aimé gagner une médaille aux championnats du monde et une aux JO. Ça me ferait un bon palmarès.
Je pense que c’est dans mes cordes. J’y crois. Les sensations sont revenues. J’espère juste ne pas avoir de pépins physiques qui vont m’éloigner des pistes».
La reconversion
«Quand je quittais le Sénégal où il n’y a pas de plan carrière, ni rien, je me suis dit comme tout le monde qu’il faut aller chercher quelque chose.
En France, je fais un petit boulot à côté. Ce n’est plus comme au CIAD où je ne me focalise que sur l’entraînement. Si on avait une bonne politique sportive qui nous permettait de nous concentrer uniquement que sur notre sport, on serait capable de faire du haut niveau. Malheureusement, nous sommes obligés de sortir. Ce qui fait qu’il y a une vie d’homme à côté où il faut penser à ton épouse, tes enfants, ta famille etc.
Ce sont les contraintes de la vie qui nous poussent à travailler pour vivre. D’un autre côté, on s’entraine. Ce n’est pas évident. Je me suis encore donné deux années pour réaliser mon rêve : obtenir une médaille aux championnats du monde ou aux JO.
Présentement, je passe mes diplômes pour être un éducateur sportif. En même temps, je passe un autre diplôme pour être un préparateur physique général. Ça se passe bien. Même si j’ai du mal à revenir à mon meilleur niveau sportif.
J’essaie de m’organiser. Je pars au boulot le matin. Pour les études, ce n’est pas tous les jours. Et tous les soirs, je m’entraîne. J’ai un bon planning. C’est difficile, mais c’est la vie qui est ainsi faite».
Mon future
«C’est triste d’arriver à un stade où je n’ai pas eu le suivi que j’aurais dû avoir dans ma carrière. Là, je suis obligé de me prendre en charge. Quand, on se blesse pendant deux ans, sans que tu ne puisses recourir nulle part, tu utilises ton propre argent pour te soigner. Tu investis beaucoup d’argent pour revenir au meilleur niveau. Tu mets toutes tes épargnes pour pouvoir remporter une médaille pour toi certes, mais aussi pour ton propre pays. Je dois avouer que j’ai sacrifié ma famille pour l’athlétisme. Je suis souvent obligé d’expliquer à ma famille pourquoi j’investis mes biens pour revenir au top.
C’est un virus. J’ai toujours un rêve, cette envie de remporter une deuxième médaille olympique pour mon pays. Je crois à mes capacités. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous endurons, d’être seul et de vouloir tout gérer en même temps. Si, je n’étais seul, il n’y aurait pas de problème. Mais, j’ai une épouse et une fille. Sans compter d’autres proches et des parents. C’est pourquoi, je suis obligé de travailler à côté pour arrondir les fins de mois. J’essaie juste de garder l’espoir. Mais, honnêtement, c’est très difficile».
source :http://www.sudonline.sn/jai-sacrifie-ma-famille-pour-lathletisme_a_20370.html
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