Anna Diouf, Miss Sénégal: « Pour percer dans le mannequinat, il faut… »

C’est grâce à son rang que Miss Sénégal, de passage à Dakar, nous a reçus dans le quartier des Mamelles. Voix douce, pose décontractée, maquillage sobre, Anna Diouf se prête sans fine bouche au jeu favori de Recto-Verso. Candidate malheureuse au Baccalauréat, elle dévoile les raisons de son échec pour Rewmi. Incarnation de la beauté sénégalaise, elle revient sur les couacs de l’organisation de l’élection qui l’a sacrée Miss Sénégal, ses difficultés et éclaircit la rumeur qui a voulu entacher sa couronne.

 

 Cœur déjà pris, elle dévoile sa tactique pour éloigner les éventuels prétendants qui ne manquent pas depuis son sacre. Mannequin avant de porter la couronne de Miss Sénégal, elle lève le voile sur les jalousies et les coups bas dans ce milieu et les clans qui le gangrènent. Défilé !

 

 

Anna diouf Vous venez de passer votre bac, les résultats ont-ils été satisfaisants ?

Malheureusement, les nouvelles pour mon bac, ne sont pas bonnes. C’est dû au fait que je ne pouvais pas allier la pression d’être Miss Sénégal et celle du bac. Et même une élève normale peut échouer au bac. La priorité était donnée à mes études. D’ailleurs, pour le mannequinat, j’avais arrêté de défiler après la «Sira Vision» du mois de décembre dernier. Après, il y a eu l’élection Miss Thiès, je me suis inscrite et je l’ai remporté et c’était parti pour Miss Sénégal au mois de mars. Après le sacre de Miss Sénégal, j’avais cessé tout projet pour me consacrer aux études. Mais entre le sacre et l’examen, il ne me restait que 3 mois et ce n’était pas facile.

Pourtant entre le sacre et l’examen il y avait quand même du temps. Quel genre de pression aviez-vous ?

Je n’avais pas le temps de bien préparer le bac. Comme je l’ai dit tantôt, c’était prévu que j’arrête les défilés après la «Sira Vision». Mais après Miss Sénégal, j’ai eu des problèmes liés à ma famille que je n’étais pas en mesure de gérer. Je suis encore très jeune et psychologiquement ce n’était pas facile. Normalement, après Miss Sénégal, je devais prendre une année sabbatique et je ne l’ai pas fait. Après le sacre, j’avais des problèmes sur tous les plans, parce que les gens croyaient que j’avais décroché des millions avec la couronne. Alors que je n’avais que pour seule récompense, une voiture. (Son agent intervient) «Elle ne le dit pas mais la couronne de Miss Sénégal a divisé sa famille parce qu’elle croyait qu’elle avait en sa possession des millions. Elle subit une pression énorme et a vécu énormément de choses pour une gamine qui vient juste d’avoir 20 ans il y a deux semaines».

La couronne est-elle lourde à porter ?

Oui ! La couronne est trop lourde à porter. Je ne regrette pas d’être Miss Sénégal, mais si j’avais su d’avance que ça aller m’apporter tous ces problèmes, je n’aurai pas participé à cette élection du moins à mon âge.

On a eu écho que l’organisation de cette élection ne fût pas des meilleurs ?

Lors de notre élection, l’organisation a eu pas mal de couacs. On n’avait pas de sponsors et nous étions logés Miss Kolda, Kédougou et moi dans une auberge où je ne dormais pas la nuit à cause de la chaleur et des moustiques. C’est à la veille de l’élection que j’ai été logée au Lamatin parce que je ne tenais plus. Et ce n’est pas normal que lors d’une élection de l’envergure de Miss Sénégal qui est nationale que les candidates soient mises dans de telles conditions. Ce ne sont pas des situations favorables de préparation pour une élection et les candidates n’auront pas un esprit apaisé. Ces problèmes doivent être réglés avant d’organiser d’autres élections de Miss.

Pourquoi n’avoir pas attiré l’attention des organisateurs sur les couacs ?

Non parce qu’on n’avait pas le temps de le faire. D’ailleurs, je ne connaissais pas les organisateurs, je ne voyais que l’un d’eux, Moussa. Mais on n’avait pas le temps de parler des problèmes parce que tous les jours on suivait un calendrier bien établi. Moïse Ambroise Gomis, c’est à la veille de l’élection que je l’ai vu. Donc, on ne savait pas qui fait partie du comité ou non.

Que faut-il pour améliorer cela ?

Même si c’est une agence privée qui gère Miss Sénégal, l’État doit soutenir cette initiative. Je ne parle pas pour moi, puisque les dés sont déjà jetés, mais pour les futures Miss. Au Sénégal, une Miss, n’a pas le statut qui sied. Et cela, il faut le réparer. Les organisateurs devraient chercher de bons sponsors et partenaires. Et si ce n’est pas cela, le problème, qu’ils s’assoient autour d’une table, pour redéfinir les choses. Il faudrait dans la mesure du possible prendre en charge la Miss pour la coacher et la guider. Parce que les Miss sont laissées à elles-mêmes. Et c’est comme cela que les rumeurs débutent et la famille s’éloigne de toi.

La Miss qui vous a précédé a eu à déplorer sa prise en charge après le sacre. Est-ce votre cas ?

J’ai le même problème que la Miss de l’année dernière. Je peux même dire que sa situation était plus enviable que la mienne, parce que, paraît-il, elle avait comme lot une voiture, 500.000 F Cfa et un billet d’avion. Moi, je n’ai reçu qu’une voiture de Cfao et rien d’autre. Il paraît que je devais avoir un réfrigérateur et un téléviseur. Finalement, on l’a remis aux deux dauphines. J’ai demandé les autres lots, mais on me dit d’attendre.

«La couronne de Miss Sénégal est trop lourde à porter»

Vous avez démenti Miss Ziguinchor qui a dit que les organisateurs faisaient des avances en échange de la couronne ?

Je n’ai pas démenti ce que Miss Ziguinchor a dit. Mais j’ai tout simplement dit que je l’ai appris dans la presse en même temps que tout le monde. Je ne vais pas aussi confirmer cette information puisque je n’étais pas logée au même hôtel qu’elle. Et si on m’avait fait des avances en échange de la couronne, ou si j’avais vu quelqu’un subir une telle injustice, je serai la première à dénoncer cela. Si ce que ces Miss avancent est fondé, elles devaient le dénoncer avant l’élection, mais pas après mon sacre parce que ça risque de l’entacher. Non seulement ce qu’elles ont dit éveille des soupçons sur moi, mais aussi sur les autres.

Qu’est-ce qui a été déterminant pour le choix de vous donner la couronne ?

Pas grand-chose, puisqu’on avait presque toutes le même âge. Mais le jury a fait son choix : moi parmi 13 autres candidates. Je peux dire que j’avais tous les atouts pour être Miss, la beauté et la culture générale. En plus, j’étais confiante parce que j’étais convaincue que je ferai partie des trois premières.

Comment a été le réveil au lendemain de votre sacre ?

J’étais très heureuse ! Mais je suis restée la même avec les mêmes amis. Mes journées n’ont pas changé parce que pour l’instant je n’ai pas de programme établi. Après le sacre, la seule cérémonie officielle où j’ai été conviée était la journée de l’environnement à Thiès. Et depuis lors, il n’y a pas eu de suite pour mon programme en tant Miss Sénégal.

Un combat humanitaire qui porte sur la mendicité. Pourquoi les enfants de la rue et pas une autre cause ?

Mon combat se porte sur la mendicité et les enfants de la rue. Je ne veux pas me limiter seulement aux talibés. Je souhaite prendre en charge les adolescents qui écument les boîtes de nuit et vont presque jusqu’à y dormir ou dans les rues. C’est une cause humanitaire qui me touche parce que chaque fois qu’on sort de chez soi, on rencontre des enfants laissés à eux-mêmes. Et je me suis dit, quand je serai Miss et que ma voix aura un écho, je combattrais ce fléau des enfants de la rue. En plus, j’habite à Thiès qui abrite la grande station balnéaire du Sénégal, Saly et il y a énormément d’adolescents qui fréquentent les discothèques.

Une cause qui vous tient à cœur, mais apparemment, les moyens de votre politique vont manquer ?

Je vais essayer de chercher des partenaires à l’étranger parce que je ne veux pas dépendre du Sénégal. La preuve, même les autorités de ma région ne m’ont pas soutenu quand je partais à l’élection Miss Sénégal. Et je ne pense pas que c’est maintenant que je vais être soutenue. J’ai mon coach que se débrouille pas mal pour me trouver des sponsors et des pubs à faire. Elle me dit toujours que je ne serai pas comme les Miss Sénégal précédentes. Et que je serai un Miss exemplaire sur qui les prochaines vont prendre référence. Je ne dis pas que les anciennes Miss ont filé du mauvais coton, mais on les a entendus défrayer la chronique et mêler à des rumeurs sans pour autant jouer le rôle de Miss.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous porter la couronne de Miss ?

Tout ce que je faisais avant qui ne cadrait pas avec mon statut actuel de Miss, ma coach me l’interdit. Je n’ai plus le droit de fréquenter certains milieux, d’avoir une certaine visibilité, etc. Elle m’apprend aussi comment bien parler à une autorité, les tenues à mettre pour chaque occasion… J’évite aussi d’être trop présente dans les médias, parce que quand on a toujours un mot à dire dans la presse, les gens finissent par ne plus vous écouter et du coup moins respecter. Je ne parle que quand j’ai quelque chose d’important à communiquer.

Et les loisirs ?

Avant, si on me le permet, je pouvais partir en boîte de nuit ou à la plage avec mes copines. Mais depuis que je suis Miss, j’ai l’interdiction formelle de fréquenter les boîtes de nuit. Je ne vais pas non plus, au restaurant, ni à la plage. Ce nouveau train de vie ne m’ennuie pas puisque j’ai toujours quelqu’un avec qui discuté et échangé. Et aussi les discothèques et les restos ne sont qu’un passe temps.

À l’école le regard de vos camarades et des professeurs a-t-il changé ?

À l’école rien n’avait changé, mes camarades de classe n’ont pas adopté un comportement différent envers moi. D’ailleurs, ils me chahutaient en me disant que j’étais très simple pour une Miss. Idem pour mes professeurs, ils sont restés les mêmes. J’étais une élève comme les autres.

Avez-vous l’ambition de conquérir des couronnes internationales avec les problèmes que vous rencontrez déjà avec Miss Sénégal ?

Bien sûr ! Mon ambition et mon souhait est de décrocher d’autres couronnes pour mon pays. On ne m’a encore rien dit à ce sujet. Mais si l’occasion se présente, j’irai dignement représenter mon pays et tous les Sénégalais. Je me prépare pour Miss Afrique où je me suis déjà inscrite et après Miss Cedeao. Pour ces élections, je me prépare comme d’habitude avec mon coach puisque je n’attends rien de personne et c’est comme cela depuis le début. Si mon coach n’avait pas déboursé pour mon transport, je n’allais pas pouvoir me rendre à Mbour pour le sacre. Entre l’élection de Miss Thiès et la couronne nationale, il n’y avait pas beaucoup de temps et on a réussi à s’en sortir. Donc, pour Miss Afrique, on se prépare déjà avec les moyens du bord. Tant mieux si on me soutient et tant pis si on le fait pas mais j’irai à ces élections.

La Mairie de votre ville d’origine ne vous a-t-elle pas soutenu ?

Le Maire de Thiès ne m’a pas soutenu. Je suis allée le voir, il m’a dit qu’il y aura une suite mais jusqu’à présent je n’ai rien vu. Quand j’ai été élue Miss Thiès, j’avais besoin de soutien pour bien préparer le sacre de Miss Sénégal et je lui ai donné une lettre qui n’a jamais eu de réponse. Après mon sacre à Miss Sénégal, je suis retournée le voir pour lui présenter ma couronne. Il m’a dit qu’il y aura une suite et rien du tout depuis lors. Mais dans nos discussions, il m’a fait savoir que la Mairie n’avait pas de sous.

«Dans le mannequinat, quand on n’est pas Dakaroise, il est très difficile d’accéder à un certain niveau»

Miss Sénégal est-elle un cœur à prendre ou déjà pris ?

J’ai un copain que j’ai connu bien avant d’être Miss. Mais je n’en dirai pas plus, c’est du domaine privé.

Et les prétendants qui tentent de vous séduire ?

Les prétendants, je n’en vois pas beaucoup. Peut-être c’est dû à mon caractère ou au titre de Miss qui effraie un peu les hommes.

Votre petit ami n’est-il pas jaloux avec tout cela ?

Il est jaloux, mais il sait comment je suis et il connait mes convictions. Les Thiessois qui me connaissent vraiment disent que quand je marche dans la rue, il faut énormément de courage pour oser me faire certaines propositions.

Vous êtes aussi mannequin avant d’être Miss Sénégal. Et dit-on la jalousie et les coups bas foisonnent dans ce milieu ?

Cela fait 02 ans que j’ai commencé ma carrière de mannequin. Et je peux dire que durant ces deux années, j’ai eu l’opportunité de monter sur de grands podiums de ce pays. Et, la jalousie est bien présente dans ce milieu. Il y a des clans de région parce qu’une telle n’est pas Dakaroise mais Thièssoise et on l’a jalouse. Surtout quand on est nouvelle dans le milieu et contrairement à elles on a l’occasion de participer à de grands défilés. Elles se disent qu’une fille qui n’est pas de la capitale, ne peut pas avoir accès à certaines choses. C’est la raison pour laquelle on dit qu’il faut cacher ses projets sinon on risque de ne pas les réaliser.

Avez-vous été victime de ces jalousies ?

Je l’ai vécu lors de la dernière «Sira Vision». Lors d’une sortie finale d’une des stylistes, alors que le mannequin qui devait le faire à tarder, le présentateur du spectacle, m’a demandé de monter avec la styliste. Mais à ma descente du podium, le mannequin est venu vers moi pour me demander pourquoi j’avais pris sa place. Elle m’a injurié, mais je n’ai pas répondu parce que je n’étais pas là-bas pour cela. C’est une situation qui m’a fait mal, mais après je me suis dit que ce n’était pas pour elle que j’étais à ce défilé. «Sira Vision» était certes un défilé exigeant mais qui au final s’est avéré très agréable. J’ai beaucoup appris de ce défilé.

Un mentor parmi vos ainées thiessoises dans le milieu ?

Aucun des mannequins thiessois ne m’a accueillie quand je suis arrivée à Dakar pour défiler. Même, ceux qui sont à des niveaux plus élevés que le mien. Une fois à Dakar, elles font comme si elles ne te connaissent pas. Aux salutations c’est à peine qu’elles répondent un «ça va». Alors qu’à Thiès, on se connaissait très bien. Heureusement et grâce à Dieu, que je n’attends rien d’elles.

D’où est née votre passion pour les podiums ?

Depuis toute petite, mon ambition a été de faire du mannequinat. C’était un rêve de petite fille qui j’ai réalisé. Mais j’ai vraiment débuté une carrière professionnelle après avoir été découverte lors d’un défilé par l’Agence «Les mains du Sahel» dirigée par Dado Bathiely. Depuis lors, elle est mon coach. Sur le plan familial, au début ce n’était pas facile ; mes parents étaient un peu réticents parce que le milieu du mannequinat est un peu bizarre. Donc, ils étaient inquiets que je me retrouve dans ce milieu. Au final, ils l’ont accepté mais sans omettre de me donner des conseils à suivre.

source : Rewmi quotidien

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