Youssou Ndour : 'Les élites africaines ne doivent pas mélanger politique et religion"

"Il faut que les dirigeants politiques fassent attention, (parce que) les échecs politiques se retrouvent parfois dans les ethnies et les religions", a déclaré mercredi sur RFI la star sénégalaise du mbalax, le style musical prisé de ses concitoyens.
 
Youssou Ndour était l'un des invités du jour de "Couleurs tropicales", une émission musicale au cours de laquelle il a évoqué son engagement en faveur de la Centrafrique à travers la chanson "One Africa", qui vise à ramener la paix et la concorde dans ce pays déchiré par un conflit inter-communautaire. 
 
"Il faut que l'Afrique sorte de ses clivages. Il faut que l'Afrique fasse la différence entre des problèmes liés à des clivages entre hommes politiques" d'une part, et des problèmes intéressant "le peuple africain", d'autre part, a dit le musicien, à l'origine du mouvement politique "Fekke Ma Ci Boolé", qui prône une plus grande participation citoyenne à l'action publique.

 

 

 

 
A ce titre, le chanteur avait un moment mis entre parenthèses sa carrière musicale, pour s'engager en politique à la faveur de la dernière élection présidentielle sénégalaise de février 2012. Il fut l'un des opposants les plus résolus à la volonté de l'ancien président Abdoulaye Wade de solliciter un troisième mandat.
 
Youssou Ndour a ensuite noué alliance avec le nouveau pouvoir du président Macky Sall, vainqueur de cette présidentielle dont la campagne a coïncidé avec des manifestations de citoyens et d'acteurs politiques décidés à barrer la route à Me Wade, soupçonné de vouloir recourir à une dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils, Karim Wade.
 
"On est meurtri et je voulais juste dire à nos frères de Centrafrique que les différences de religion ne sont pas un obstacle. Il faut voir ça comme une richesse", a indiqué Youssou Ndour. 
 
Il a expliqué que la chanson "One Africa" a été "enregistrée dans l'urgence" et dans une "précipitation positive", avec l'ambition de contribuer au retour de la paix et de la sérénité en République Centrafricaine.
 
Il a dit vouloir donner en exemple "le modèle" sénégalais, illustration d'une coexistence pacifique entre musulmans majoritaires et leurs concitoyens de confession chrétienne. Youssou Ndour a rappelé que le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, était de confession chrétienne et comptait parmi ses meilleurs amis un marabout, en allusion à Serigne Fallou Mbacké, à l'époque khalife général des mourides.
 
A contrario, dans le cas de la République Centrafricaine, "la politique, l'ethnie, la religion, tout est mélangé", a dit Youssou Ndour, en réitérant son souhait de voir le continent africain devenir "une seule carte" qui concernerait tous ses fils. 
 
Le départ en janvier dernier du président centrafricain Michel Djotodja, sous la pression internationale, n'a paradoxalement pas mis fin aux violences meurtrières en République centrafricaine, où le rebelle en chef de la Séléka avait pris le pouvoir quelques mois auparavant.
 
Catherine Samba-Panza, qui a succédé à M. Djotodja, est engagée dans la mise en œuvre d'un programme de pacification, avec le soutien de la communauté internationale, sans que cela puisse, pour le moment, mettre fin à la violence qui vise à la quasi- guerre civile impliquant chrétiens et musulmans.
BK/AD
SOURCE: http://www.dakaractu.com/Youssou-Ndour-Les-elites-africaines-ne-doivent-pas-melanger-politique-et-religion_a60181.html
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