ACTE III, REFORMES, LOCALES 2014, BENNOO… Le «cadrage» de Albert Bourgi
L’Acte III de la décentralisation peut permettre l’avènement de véritables pôles de développement à condition de ne pas être sous-tendu par des motivations d’ordre politicien, de reposer sur un large consensus, voire d’être accompagné d’actes forts du pouvoir en place pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une simple réformette. Voilà la conviction d’Albert Bourgi, professeur de droit à l’université de Reims et grand observateur de la scène politique sénégalaise. Invité de l’émission Objection de Sud Fm, il s’est longuement prononcé en outre sur la problématique des réformes institutionnelles, sur le report des élections locales et la question des candidatures indépendantes, voire sur la coalition présidentielle Bennoo Bokk Yaakaar qui a fini, selon lui, « de faire son temps ».
Invité de l’émission politique « Objection » de Baye Oumar Guèye diffusée sur la radio Sud Fm hier, dimanche 09 février, l’analyste a posé en fait un regard critique sur le Code général des collectivités locales, récemment adopté par l’Assemblée nationale, avant d’en soupeser les potentiels facteurs d’inhibition. Parmi ceux-ci et en premier, Albert Bourgi a pointé du doigt les ressorts de pure politique politicienne qui pourraient en plomber l’impact. « L’Acte III est à saluer à condition qu’il ne soit pas sous-tendu par des motivations politiques ou d’ordre politicien ».
Tirant alors la sonnette d’alarme, le Pr Bourgi dira tout simplement : « On parle toujours de décentralisation alors même qu'on est dans un régime très centralisateur. Pour arriver à une véritable réforme de la décentralisation et à de véritables pôles de développement sans arrière pensée politique, il faut que les Sénégalais, ceux qui sont dans des ensembles, s’y opposent (à ce que la donne purement politicienne prenne le pas sur la volonté de réformer les territoires en fonction des besoins de développement-ndlr) ».
Dans la foulée, l’analyste politique fera remarquer : « Macky Sall sait qu’il a des résistances à ses politiques. Ces résistances devraient l’inciter à mesurer très scrupuleusement les accompagnements nécessaires à cette réforme, comme par exemple la politique administrative ». Pour clore la question, Albert Bourgi mettra l’accent sur la nécessité d’actes forts des pouvoirs publics : « Pour éviter cette politisation de l’acte III, il faut que de véritables actes soient posés afin de montrer qu’il ne s’agit pas là de simples mesurettes politiques, mais plutôt d’une véritable stratégie de développement ».
Les personnes qui en sont membres sont assez qualifiées pour réfléchir sur l’avenir des institutions au Sénégal. Il ne s’agit pas seulement de réfléchir sur des mesures à court terme, des mesures devant consolider nos acquis démocratiques mais renforcer leurs aptitudes de résister à toute velléité de détournement. ..Je suis toutefois un peu frustré par la lenteur des procédures. Or, il me semble qu’il n’y a rien à craindre dans la mesure où le pouvoir en place bénéficie d’une légitimité démocratique acquis à l’issue du suffrage universel ».
Notant par suite que les réformes institutionnelles gagneraient à être connues le plus rapidement possible, Albert Bourgi s’est fait l’avocat du recours au référendum pour valider ces dites réformes. Et de relever qu’en cas de vote négatif, le pouvoir aurait largement le temps de changer de crédo institutionnel.
Louant par ailleurs l’action de la société civile lors de la présidentielle de 2012, le Pr de droit a fait un vibrant plaidoyer pour les débats citoyens avant de faire remarquer que la société civile sénégalaise n’a pas disparu avec l’avènement d’un nouveau régime. Au contraire, a-t-il dit, « elle cherche ses nouveaux repères aujourd’hui, de nouvelles voies d’action et je crois que le gouvernement devrait s’appuyer non seulement sur sa majorité mais également sur la société civile qui est, elle, le moteur de la démocratie directe ».
Albert Bourgi n’a pas occulté dans sa plaidoirie les candidatures indépendantes que la loi électorale exclut des joutes locales. « Les élections locales ne sont pas nationales. Ce ne sont pas des élections politiques, ni législatives ni présidentielles. Ceux qu’on élit, ce sont des édiles locaux ». Pour autant, Albert Bourgi fera montre de son soutien entier aux candidatures indépendantes pour leur participation aux Locales « bien qu’elles soient bannies dans la majorité des Etats africains », comme il aura tenu à le préciser.
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