Le pays va très mal ; les sénégalais sont désemparés et souhaitent, dans une très large majorité, une fin de la douloureuse parenthèse libérale qui nous a fait voir de toutes les couleurs – fourberies je voulais dire ! L’espoir est permis, car, à l’heure actuelle, si on analyse très bien la situation politique du pays, on s’aperçoit que le PDS est très moribond ; il n’a jamais été aussi divisé et aussi léthargique ; la ‘’génération du concret’’ a implosé ; et la validité de la candidature du Président est sérieusement incertaine ; sans compter la très forte présomption d’inaptitude liée à son âge plus qu’avancé ; ainsi, tous les signes annonçant la fin d’un règne sont là.
Au vu de tout cela, l’opposition n’a jamais été aussi près de voir se réaliser son rêve de bouter le pouvoir libéral en place ; il urge donc de trouver un consensus sur le candidat de l’unité, pour éviter une guerre de leadership, qui risquerait d’annihiler les espoirs de tous ceux qui souhaitent le changement – le ‘’Soppi du soppi’’. C’est regrettable que les membres les plus représentatifs de la société civile ne se soient pas engagés davantage, en rallier la formation la plus crédible, pour faciliter l’émergence d’un candidat unique de l’opposition qui se présentera sur la base d’un programme consensuel, prenant donc en compte les préoccupations des uns et des autres - et donc des conclusions des assises nationales. Dans cette perspective, je persiste à croire que le socialiste Ousmane Tanor DIENG a le meilleur profil ; il faut reconnaître qu’il a eu le mérite de rebondir après la terrible déroute de 2000, alors que la presque totalité des politologues prédisaient la mort du parti socialiste ; actuellement, il semble avoir tiré toutes les leçons de leur mauvaise gestion des affaires qui leur a fait perdre le pouvoir. De plus, malgré les défections, le parti socialiste est resté la formation politique qui a les fondations les plus solides.
Par contre, en dépit de leur patriotisme incontestable, toutes les autres personnalités de l’opposition, traînent des casseroles ; en effet ils ont une responsabilité certaine, à des degrés divers, tant dans l’avènement de l’Alternance que dans son bilan. Et à vrai dire, les formations politiques qu’ils dirigent ne sont pas suffisamment structurées et implantées dans les masses ; elles ne tiennent que par le charisme de leurs chefs ; aucune d’elles ne peut sortir une dizaine de ministrables – tel fut le cas du PDS, lors de l’Alternance ; ce qui nous a coûté beaucoup d’errements, d’improvisations, de reniements, d’interminables remaniements et réaménagements ministériels. Et véritablement le seul fait de quitter l’attelage gouvernemental et de rallier l’opposition constitue un mea-culpa et donc une reconnaissance implicite de la légitimité de Tanor - le socialiste, comme le leader de l’opposition. Héritier de SENGHOR et de DIOUF, il a acquis une solide expérience d’homme d’Etat ; en plus de cet avantage certain, il a un âge idéal pour pouvoir, en un mandat, rebâtir la République, redresser la situation, avec la collaboration de tous les patriotes, toutes obédiences confondues – et de réaliser ainsi la réconciliation nationale, sans laquelle point de salut ; oui, pour les croyants que nous sommes, c’est de l’union des cœurs que jaillit toujours la miséricorde divine.
Certes, c’est Tanor qui est le candidat idéal ; mais c’est NIASSE seul qui peut le confirmer, en désistant ; s’il le faisait, il en serait grandi et le Sénégal lui en sera reconnaissant ; oui, il faut parfois savoir ‘’perdre pour gagner’’ ! L’urgence de la situation et l’importance des enjeux n’en valent-elles pas le sacrifice ?
Certes, on peut reprocher beaucoup de choses au parti socialiste, mais le fait d’avoir perdu très dignement et de s’opposer ensuite de façon très républicaine, préjuge d’une nouvelle prise de conscience et devrait leur donner un droit à l’absolution. Et en vérité, d’une croissance négative, les socialistes avaient, à force d’ajustements et de réajustements structurels, fini par assainir notre économie au plan macroéconomique ; d’importants projets étaient ficelés et avaient déjà trouvé un financement ; le trésor publique disposait de liquidités suffisantes et le pays d’une grande crédibilité au niveau des institutions financières internationales. Tel était l’état des lieux au moment de l’Alternance ; incontestablement, on était sur une pente ascendante, une trajectoire de développement harmonieux et donc d’émergence ; malheureusement l’Alternance est venue tout rompre, tout dérégler et tout déstructurer ; presque tout est géré de façon informelle. Incontestablement, les libéraux ont apporté un remède pire que le mal ! Il faut très sérieusement relativiser le bilan de l’Alternance, car les contextes ne sont pas identiques ; les socialistes étaient sous ajustement structurel (austérité imposée par le Fond monétaire International), alors que les libéraux avaient hérité d’une situation macroéconomique complètement assainie.
Certes l’espoir d’une délivrance est permis, mais avec ce régime, manœuvrant et rusant perpétuellement, il faut savoir se préparer à toutes les éventualités et concocter des plans alternatifs, en conséquence. C’est dire qu’on ne répétera jamais assez l’impérieuse nécessité d’un consensus sur une candidature unique de l’opposition - une exigence vitale !!!
Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle « La Sagesse » de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan - Bienfaisance (Thiès).http://sites.google.com/site/