A son excellence Mr. Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal,
Monsieur le Président,
Permettez-moi de vous adresser encore une fois la parole car mon silence trahirait ma conscience («
Monsieur le Président, quand je vous ai serré la main au palais au lendemain de l’alternance en 2001, j’avais eu le sentiment que vous seriez reconnaissant envers la jeunesse sénégalaise qui a contribué de façon considérable pour votre accession à la magistrature suprême.
Mais hélas après une décennie je suis animé aujourd’hui de sentiment de déception et de trahison pour votre comportement non seulement envers la jeunesse dont l’espoir est brisé (Barcelone ou barsakh) mais surtout envers le peuple sénégalais. En effet tous les actes que vous posez aujourd’hui traduisent pour tout citoyen conscient une haine envers son peuple, la dignité d’un peuple bafoué, le respect des libertés civiles à la poubelle.
Oui Mr. Le Président vous et votre régime ne se limitent plus à piétiner notre constitution, nos valeurs, et nos institutions mais encore plus grave vous menacez, vous intimidez, vous complotez et vous attaquez. Et on se demande bien si nous sommes dans un Sénégal qui appartient à tous ses fils et à toutes ses filles ou plutôt dans un Sénégal appartenant exclusivement à un groupe ou clan mafieux pouvant tout se permettre. Au lieu de remplir votre mission à savoir « servir le peuple » vous et vos acolytes préfèrent plutôt se servir du peule.
Même si vous avez réalisé des choses dans ce pays cela ne constitue qu’une goutte d’eau dans un océan. Autrement dit vous avez montré vos limites et le peuple est loin d’être satisfait de la vision que nous avions de l’alternance et dont vous aviez solennellement juré de porter avec loyauté et abnégation.
Cher Président votre SILENCE EST COUPABLE ! Et comme le dit l’adage « qui ne dit rien consent »
Ce silence ne concerne pas seulement les évènements du 23 et 27 juin 2011 mais encore les faits suivants relatés dans les rapports du conseil des droits de l’Homme des nations unis, de Human rights watch et d’Amnesty International et d’autres organisations de droits de l’homme:
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Monsieur le Président, la liste est longue, trop de sang a coulé sous votre mandat, cette violence que votre régime prolifère pour rabaisser notre pays à la barbarie, ne peut triompher devant le peuple sénégalais quel que soit le prix à payer. En tout cas ce ne sera pas sous l’égide de notre armée républicaine qui a hérité de l’expérience et de la sagesse de nos vaillants généraux : Jean Alfred Diallo, Lamine Cisse, Mouhamadou Lamine Keita, Mamadou Niang, Mamadou Mansour Seck … Cher Président que faites-vous de la loi criminalisant la participation à la torture, au génocide et aux crimes contre l’humanité adopté par l’Assemblée nationale du Sénégal ? Vous savez très bien qu’il n’y a pas de limite d’âge pour comparaitre devant la Cour pénale internationale (CPI) ni de limite d’âge pour extrader un ancien président.
Monsieur le Président le peuple sénégalais est convaincu que votre seul vœu est de voir votre fils vous remplacer, mais puisque qu’il semble que vous n’êtes pas conscient du danger et de la chute libre à laquelle votre fils vous entraine, je vous invite à revisiter l’histoire antique. Tu quoque mi fili « Toi aussi, mon fils ! » Disait le grand roi Jules César au moment de sa mort. Ce fut une douloureuse surprise quand César se vit attaqué par celui qui lui devait tout et qu'il considérait comme son fils. Le dictateur trahi ne manifesterait nullement son émotion ou sa surprise. À son « fils » indigne, il laisse pour dernier message : « Je t'en souhaite autant, mon garçon ! » Alors Monsieur le Président ma question est la suivante : comment un président peut-il haïr son peuple sachant que ce dernier lui a tout donné ? Si vous jugez qu’il n’est pas trop tard de faire le bien, alors prouvez au monde entier l’amour que vous avez pour votre peuple en acceptant sa demande.
Bref je vous invite à faire un choix entre la sagesse et la témérité mais attention l’histoire retiendra ! Veuillez recevoir Mr. Le Président mes salutations respectueuses.
DENIS NDOUR
Amnesty International USA