Le Sénégal a célébré jeudi la Journée mondiale contre le travail des enfants pour sensibiliser l’opinion publique sur les méfaits qu’il provoque. Les acteurs ont invité la communauté internationale à étendre la protection sociale et conjuguer leurs efforts afin d’éliminer ce fléau.
«Carton rouge au travail des enfants». Les acteurs de la lutte contre le travail des enfants ne décolèrent pas contre cette «exploitation inhumaine» des mômes. Célébrée jeudi, la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants est un formidable moment de plaidoyers et d’alerte pour stopper ce fléau qui ronge la jeunesse africaine. Et sénégalaise aussi.
Selon Ariel Pino, spécialiste en sécurité sociale et membre de l’équipe d’appui technique de l’Organisation internationale du travail (Oit), les dernières estimations de son organisation sur le travail des enfants montrent qu’ils sont 168 millions dans le monde. 85 millions d’entre eux exercent des activités dangereuses. Même s’il y a une tendance baissière d’un tiers depuis 2000. «Entre 2008 et 2012, leur nombre est passé de 215 à 168 millions. Le nombre des enfants effectuant des travaux dangereux a reculé de 115 à 85 millions», a déclaré M. Pino à l’ouverture de cette journée. Malgré tous les efforts déployés, le travail des enfants persiste encore dans le monde. En Afrique subsaharienne, 1 enfant sur 5 travaillait en 2012. Bref, les chiffres restent alarmants nonobstant les efforts conjugués de plusieurs experts et des Etats qui arrivent même à couvrir ce luxueux business. Pour éradiquer cette pratique au niveau national, le ministère la Fonction publique, des organisations professionnelles et du dialogue social, les représentants des travailleurs, les employeurs et les syndicalistes invitent à une conjonction des efforts et à étendre la protection sociale.
Le secrétaire général du ministère de la Fonction publique espère une synergie des efforts pour mettre fin à l’exploitation des enfants. «Ce n’est pas uniquement l’Etat qui doit s’atteler à ce problème. Il est important que le monde du travail s’y implique et qu’il y ait une synergie de la société civile, des employeurs, travailleurs, syndicalistes et les interventions individuelles», suggère Mamadou Sow.
Au niveau national, le phénomène du travail des enfants est plus observé dans la région de Kédougou notamment dans le site d’orpaillage où les enfants désertent les salles de cours à la recherche de l’or. Cette activité aux multiples conséquences s’explique par la pauvreté qui étreint cette région sud-est du pays. Pour freiner ce phénomène, le gouvernement du Sénégal a pris la mesure de fermer le site de Kédougou pendant un moment. Cette décision a été saluée par Cheikh Fall, président du Comité intersyndical de lutte contre les pires formes de travail des enfants. «Il faut fermer les diouraas (sic) pendant l’hivernage, c’est tout à fait normal. C’est des zones argileuses qui sont parsemées de troues à l’hivernage. Avec cette pluviométrie très abondante dans cette zone du sud, les troues seront pleines d’eau et il y a une possibilité d’effondrement et cela pose problème. Mais cette décision doit être forte. Nous syndicalistes l’appuyons, car l’Etat doit tout faire pour protéger les citoyens», plaide Cheikh Fall.
SOURCE: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/32047-eradication-du-travail-des-enfants--un-combat-sans-issue