L’affaire de l’abbé Léon Diouf est symptomatique. Elle est révélatrice d’une certaine frilosité dans la gestion de certaines affaires. Personnalité haut placée de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao), l’abbé a vu sa soutane souillée par une boueuse affaire de détournement de plus de 120 millions.
Pour lui éviter le mandat de dépôt, une médiation pénale a été conclue avec le versement par l’Ucao d’un chèque de 35 millions F Cfa.
Pour le reste des sommes dues, l’Ucao s’engage à verser une somme de 25 millions par mois, ce jusqu’à épuisement total du montant détourné. Dans le document envoyé au cardinal, la complicité avec Thierry Cabou n’est que trop établie pour des faits «de concussion». L’abbé avait «trop de pouvoir administratif et financier entre ses mains, eu égard à sa compétence et son expérience». Beaucoup de ses collègues suggéraient «son remplacement en prétextant lui donner l’opportunité de se reposer après de bons et loyaux services».
Au-delà de la satisfaction de voir l’abbé éviter une incarcération, les fidèles suspectent encore une fois des «connexions mafieuses au sein de l’Eglise». Ils accusent : «Comment et pourquoi l’argent de l’Ucao a pu servir à payer cet argent ?» L’Eglise avait, par le canal d’un communiqué, redessiné les contours réels de cette affaire. Elle affirme que «l’affaire pour laquelle l’abbé Léon Diouf a été interrogée par la justice n’a rien à voir, ni de près ni de loin avec la librairie Clairafrique et ne porte pas non plus sur le montant avancé (1 milliard de F Cfa).» Selon le même communiqué, le vicaire épiscopal chargé de la Pastorale a été dupé par son conseiller Thierry Cabou qui a engagé à son insu un ensemble de transactions «avec des fournisseurs sur des matériels de construction, de véhicules et de fournitures de bureau». Il a également abusé de la confiance de ces fournisseurs dont les factures globales sont chiffrées à 121 750 000 francs Cfa. L’abbé Léon a été convoqué en sa qualité de responsable des structures dont la responsabilité est engagée dans ces opérations. L’archevêque de Dakar avait par la suite donné des instructions aux services concernés afin de tout mettre en œuvre pour que les engagements soient honorés. Le présumé auteur principal et sa complice présumée Fatou Bintou Guèye sont actuellement introuvables.